Ouvrir les fenêtres chaque matin est pour beaucoup un geste automatique. Pourtant, entre pollution extérieure, perte de chaleur et contraintes du quotidien, la question mérite d’être posée : faut-il vraiment aérer son logement tous les jours, et surtout, combien de temps ? Les spécialistes de la qualité de l’air intérieur ont désormais des réponses précises, chiffres à l’appui.
L’air intérieur, souvent plus pollué que l’air extérieur
Selon l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI), l’air de nos logements est en moyenne 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. En cause, les produits ménagers, les meubles, les peintures, les bougies, les appareils de cuisson ou encore l’humidité. Ces sources émettent des composés organiques volatils (COV), du formaldéhyde ou des particules fines, invisibles mais nocives à long terme.
Le confinement de l’air favorise leur accumulation. Résultat : dans un logement peu ventilé, les taux de dioxyde de carbone et de polluants augmentent très vite, surtout la nuit ou en hiver, quand les fenêtres restent fermées. D’où la recommandation quasi unanime des autorités sanitaires : aérer au moins deux fois par jour.
Ce que disent les recommandations officielles
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et le ministère de la Santé conseillent d’aérer son logement dix minutes matin et soir, même en hiver. L’objectif n’est pas de rafraîchir l’air, mais de renouveler le volume d’air intérieur et d’expulser les polluants accumulés.
Les experts précisent aussi que deux courtes aérations valent mieux qu’une longue : dix minutes d’aération complète créent un courant d’air efficace sans refroidir les murs ni le mobilier, qui conservent la chaleur. À l’inverse, laisser une fenêtre entrouverte toute la journée est contre-productif : la déperdition thermique est importante et le renouvellement d’air reste insuffisant.
Donc quand il était fréquemment rappelé qu’aérer son logement était salvateur pendant les périodes de confinement successifs pendant la pandémie, c’était donc à juste titre. C’est un geste important hors période pandémique, mais encore plus si une personne est malade chez vous.

Faut-il aérer même en ville ?
Beaucoup hésitent à ouvrir les fenêtres en centre urbain, craignant de laisser entrer la pollution. C’est une question légitime. Les études menées à Paris, Lyon ou Marseille montrent que l’air extérieur reste généralement moins pollué que celui d’un appartement fermé depuis 24 heures. L’air intérieur s’enrichit rapidement en CO₂ et en polluants domestiques, alors que dehors, le renouvellement est constant.
Le bon réflexe consiste à aérer tôt le matin ou tard le soir, quand le trafic automobile est moindre. En cas de pic de pollution, les autorités recommandent de réduire l’aération, mais sans la supprimer totalement. Mieux vaut ouvrir brièvement deux minutes que laisser l’air stagner toute la journée.
Aérer selon les pièces : toutes ne se valent pas
Toutes les pièces d’un logement ne demandent pas la même fréquence d’aération.
- La chambre : c’est la pièce où l’on passe le plus de temps. Pendant la nuit, la concentration de CO₂ peut tripler. Aérez chaque matin dix minutes après le lever.
- La cuisine : une ventilation mécanique est essentielle. Si vous cuisinez souvent, ouvrez la fenêtre pendant ou juste après la cuisson pour évacuer la vapeur et les graisses.
- La salle de bain : c’est le foyer numéro un d’humidité. Ouvrez la fenêtre après chaque douche pour éviter moisissures et condensation.
- Le salon : il concentre souvent bougies, produits d’entretien et appareils électroniques. Une aération quotidienne suffit, sauf si vous y fumez ou brûlez de l’encens.
Et en hiver ? Pas question de tout laisser fermé
L’idée d’aérer quand il fait 2 °C dehors peut sembler absurde. Pourtant, c’est précisément pendant la saison froide que l’air intérieur devient le plus saturé. En hiver, les logements sont plus étanches, les chauffages fonctionnent en continu et les fenêtres restent closes. Les polluants s’accumulent plus vite, tout comme l’humidité.
La bonne méthode consiste à ouvrir en grand pendant 5 à 10 minutes. Cette courte aération ne refroidit pas les murs, seulement l’air ambiant. Une fois les fenêtres refermées, la température remonte rapidement. Si vous disposez d’une VMC, nettoyez régulièrement les bouches d’aération pour maintenir son efficacité.

Aération naturelle ou mécanique : faut-il choisir ?
Les logements récents sont équipés de Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC), simple ou double flux. Cet équipement assure un renouvellement constant, mais ne remplace pas l’aération manuelle. En effet, la VMC traite surtout les flux d’air lents et permanents. Une ouverture de fenêtre ponctuelle reste indispensable pour chasser les pics de pollution intérieure ou l’humidité ponctuelle.
Dans les habitations anciennes, sans VMC, l’aération naturelle est la seule solution. Dans ce cas, ouvrez deux fenêtres opposées pour créer un courant d’air traversant. C’est la méthode la plus rapide et la plus efficace pour renouveler complètement l’air d’une pièce.
Ce que disent les chiffres
Souvent, il suffit de donner des chiffres concrets pour comprendre que des recommandations sont justifiées :
- D’après l’Ademe, 10 minutes d’aération suffisent à renouveler 80 % de l’air intérieur d’un logement moyen.
- Le CO₂ atteint souvent 1500 ppm dans une chambre fermée après une nuit. Après 5 minutes d’aération, il redescend sous les 800 ppm, seuil de confort.
- L’aération quotidienne peut réduire de 30 à 40 % la concentration en polluants domestiques, notamment les COV.
- Les ménages qui aèrent régulièrement signalent moins de moisissures et d’odeurs persistantes selon une enquête de l’OQAI.
Les erreurs fréquentes à éviter
- Laisser une fenêtre entrouverte toute la journée : cela refroidit inutilement la pièce sans véritable renouvellement d’air.
- Fermer toutes les grilles de ventilation : elles font partie du circuit de renouvellement.
- Aérer uniquement quand il fait chaud : l’air d’hiver est souvent plus sec et plus sain.
- Utiliser des sprays désodorisants au lieu d’aérer : ils masquent les odeurs mais ajoutent des polluants.
En pratique : la routine idéale
Ce n’est évidemment pas une injonction 😉 Si vous partez en voyage ou déplacement, laisser fermé ! Mais l’idéal serait :
- Matin : aérez les chambres et la salle de bain pendant 10 minutes, fenêtres grandes ouvertes.
- Soir : aérez la cuisine et le salon, surtout après le dîner.
- Hebdomadaire : nettoyez les bouches d’aération et aspirez les grilles de VMC.
- Mensuel : contrôlez les joints de fenêtres et la circulation d’air.
Ce rituel simple a un effet immédiat sur le confort. Un air renouvelé, plus sec et moins chargé en CO₂, améliore la concentration et réduit la fatigue.
En bref
Aérer n’est pas une habitude anodine. C’est un geste d’hygiène essentiel, validé par la science. Quelques minutes suffisent pour améliorer durablement la qualité de l’air, préserver la santé respiratoire et éviter les désordres liés à l’humidité. Même en hiver ou en ville, il reste préférable d’ouvrir les fenêtres plutôt que de laisser l’air stagner. L’aération quotidienne fait partie des gestes les plus simples et les plus efficaces pour vivre mieux chez soi.
Là encore, il est des gestes qu’on oublie parfois d’apprendre à nos enfants et/ou qui ne nous ont pas forcément été appris. Pourtant, ce sont des gestes qui ne sont pas anodins et qui rendent service !






